Entretien avec Quentin Danloux, client de l'Agence Luna Sports
- LUNA SPORTS AGENCY
- May 15
- 4 min read

La carrière de Quentin l'a mené loin de son environnement familier - de la France à l'Espagne, et plus particulièrement en Colombie, où les réalités du football professionnel ont mis à l'épreuve à la fois sa détermination et sa capacité d'adaptation. Dans cet entretien, Quentin parle avec franchise de la face cachée du football : les changements culturels, l'instabilité financière et la résilience mentale nécessaire pour maintenir le cap. Il réfléchit aux expériences formatrices qui ont façonné son parcours, offrant une perspective fondée sur ce que signifie réellement la poursuite d'une carrière dans le football professionnel au-delà des feux de la rampe.

1. Avec le recul, quel est le moment où vous avez senti que vous étiez vraiment « devenu » un footballeur professionnel ?
Au moment de la signature de mon premier contrat pro à Patriotas.
2. Quelles étaient vos attentes avant de partir jouer à l'étranger et comment s'est passée la réalité ?
Franchement, je n'avais pas pensé partir à l'étranger aussi tôt, mais l'opportunité s'est présentée et je n'ai pas trop hésité. Donc, je n'avais pas forcément de grandes attentes à part devenir footballeur professionnel.
Après, mes débuts ont été très difficiles car je suis arrivé deux mois avant le confinement dû au Covid. Et le football colombien est totalement différent de celui que j'avais appris ici dans les équipes de jeunes : il y a moins de technique, mais beaucoup plus de physique. J'ai dû m'adapter, ainsi qu'à la mentalité sud-américaine. C’est totalement différent.
3. Pouvez-vous décrire un défi spécifique auquel vous avez été confronté à l'étranger et qui a contribué à vous façonner, tant sur le terrain qu'en dehors ?
Le défi, ça a été surtout mental. En Europe, on te forme énormément mentalement dans les clubs semi-professionnels et professionnels, contrairement à la Colombie où il n'y a pas de centre de formation comme chez nous. Ils ne s’occupent pas vraiment de tout ça. Tu dois te forger tout seul, et c'est ce que j'ai dû faire.
Ça n'a pas été facile. Mais aujourd'hui, ça me sert dans la vie de tous les jours, et ça m’a aussi servi sur le terrain.
4. Comment l'adaptation à des cultures et des environnements footballistiques différents a-t-elle influencé votre style de jeu ou votre mentalité ?
Mon style de jeu, je ne l'ai pas vraiment changé, je l'ai surtout amélioré sur le plan physique, tant au niveau du cardio que du corps.
5. Quels sacrifices avez-vous dû faire pour poursuivre votre carrière, et cela en valait-il la peine ?
Les sacrifices, je dirais que c’est plus d’ordre financier qu’autre chose. Comme je te l'ai dit au téléphone, ce n’étaient pas de très bons payeurs — mais pas qu’avec moi, avec toute l'équipe.
Mais je dirais que ça en valait quand même la peine pour pouvoir développer ma carrière, même si je ne pouvais pas rester beaucoup plus longtemps.
Et cette partie financière, c’est quelque chose que je veux vraiment éviter à l’avenir, car comme tu le sais, j’ai une famille à nourrir aujourd’hui.
6. Y a-t-il eu un moment où vous avez envisagé d'abandonner le football - et qu'est-ce qui vous a poussé à continuer ?
Oui, honnêtement, le problème financier ainsi que les problèmes de visa que j'ai eus là-bas m'ont un peu dégoûté.
Dans ces moments-là, tu n'as pas grand monde pour t’aider. J’ai arrêté un bon moment, étant dégoûté par cette situation. Mais l’amour pour ce sport m’a ramené à la réalité.
7. Quelle est l'idée la plus fausse que les gens se font de la vie d'un footballeur qui évolue en dehors des projecteurs ?
Franchement, ce que j'ai ressenti, c'est surtout au niveau financier. Les gens, quand ils savent que tu es footballeur professionnel, croient que tu gagnes des millions. Ils sont loin de connaître la réalité de ce sport, et tu commences à avoir beaucoup de faux amis.
8. Quel entraîneur ou coéquipier a eu le plus d'impact sur votre développement, et pourquoi ?
J’ai eu un entraîneur quand j'étais en U15 qui s'appelait Carlos. C’est une personne qui m’a donné énormément confiance en moi. J’étais assez timide à cette époque-là, et il a vraiment su me parler.
En pro, on changeait d’entraîneur tous les six mois, mais il y a eu aussi Arturo Boyacá, qui m’a beaucoup aidé, mais il a été viré pour raison de santé.
Quant au joueur qui m’a beaucoup aidé, je dirais qu’il y en a deux :
Exequiel Benavidez m’a pris sous son aile dès mon arrivée. Il jouait au même poste que moi, il m’a expliqué beaucoup de tactiques de jeu ainsi que le positionnement sur le terrain. Il m’invitait régulièrement chez lui. Il est argentin, et était à la fin de sa carrière... peut-être que sinon il ne m’aurait pas autant aidé (LOL 😂).
Federico Arbelaez m’a également pris sous son aile dès mon arrivée. C’était un arrière gauche, un pilier de l’équipe, très gentil, et il m’a beaucoup aidé à prendre confiance en moi.
9. Comment vous préparez-vous mentalement pour les matches, en particulier dans des environnements inconnus ou sous haute pression ?
Avant un match, je me mets tout le temps dans ma bulle, en écoutant de la musique.
Et j’essaie de ne pas trop penser à ce qui va venir, car avant d’être professionnel, j’étais assez anxieux.
Mais justement, Exequiel et Arbelaez m’ont beaucoup aidé sur ce point.
10. Si vous pouviez revenir en arrière et parler à votre jeune moi au début de votre parcours, quels conseils lui donneriez-vous ?
À ta dernière question, je te répondrai :
Essaie toujours d’atteindre tes objectifs ou tes rêves. N’aie pas peur d’échouer. Et si un jour tu échoues, tu n’auras rien perdu, tu auras appris à mieux rebondir.

Luna Sports Agency, 2025
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